Note de réflexion de fin d’année

 

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Author: Jean-Claude Muller, 穆卓Executive Editor at BtoBioInnovation  jcm9144@gmail.com

 

 

 

SPECIAL REPORT 24.15

 

Note de réflexion de fin d’année

 

 

Depuis des mois j’entends et je lis ad nauseam des déclarations de responsables politiques déclamer : « les Français veulent ceci, les Français veulent cela, les Français ne veulent pas… » Depuis les élections législatives du 8 juillet 2024, l’Assemblée Nationale est composée de trois blocs plus ou moins comparables, et lorsque un dirigeant de l’un ou de l’autre de ces blocs s’exprime, soit disant au nom des Français, il évoque le ressenti ou les doléances d’environ un tiers d’entre eux et très souvent guère plus. Ce qui serait plus pertinent, en lieu et place d’évoquer « Les Français » ce serait que l’on évoque « La France » et que l’on dise par exemple :

 

  • L’économie de la France est en panne. Pourquoi et comment y remédier ?
  • L’agriculture de la France est en crise. Pourquoi, quelles sont des solutions ?
  • Le service public de la France n’est plus satisfaisant. Pourquoi, comment l’améliorer ?
  • Le système de santé n’est plus aussi performant que par le passé alors que la dépense a explosé depuis vingt ans. Pourquoi ? Comment faire beaucoup mieux ? Comment font nos voisins avec moins de moyens ?

 

On peut ainsi lister des dizaines de problèmes qui affectent la France : l’éducation, la sécurité, l’emploi, le pouvoir d’achat, la retraite, l’avenir des jeunes,… et à chaque fois se poser les même questions et proposer des solutions concrètes et réalistes

 

Et pour ne pas passer pour un « pisse froid » simpliste il serait également utile et gratifiant de mettre en exergue les réussites et les performances récentes du pays.

 

  • La French Tech.
  • L’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques.
  • La restauration de Notre Dame de Paris en un temps record sans apport de deniers publics.
  • La prévention d’attentats terroristes sur le territoire national.
  • La décroissance du chômage pendant plus de cinq ans.

Et là encore se demander, alors que nous serions incompétents ou peu performants, pourquoi et comment ces réussites ont été possibles et comment elles ont été réalisées ?

 

C’est dans ma naïveté première ce que j’attendrais de la part de partis politiques matures et responsables. Ce que je vois et entends est à des années lumières de mes attentes et je prends en exemple le dernier évènement celui de la censure du gouvernement Barnier au travers d’une alliance objective entre deux blocs politiques, que contrairement à d’autres je ne qualifierai pas d’extrême ou d’irresponsables, à partir du moment où leurs membres ont été élus démocratiquement lors d’un suffrage ouvert et transparent.

Mais alors quel est leur but ?

Le pouvoir, à travers le chaos qui leur profiterait dans une future élection.

 

Dans l’extrait d’un discours de 2012, disponible dans la vidéo culte ci-après https://www.facebook.com/watch/?v=417194945740265, dans laquelle Jean-Luc Mélenchon expliquait sa stratégie révolutionnaire basée sur des concepts énoncés par Léon Trotski : « La conquête de l'hégémonie politique a un préalable : il faut tout conflictualiser. Tout doit être interpellé, tout doit être conflictualisé. » Le chaos et la révolution pour arriver au pouvoir. Son modèle est celui mis en place par Hugo Chavez au Venezuela, avec la promulgation d’une nouvelle Constitution, la nationalisation du secteur économique productif et rentable, l’instauration d’une « dictature bolivarienne » avec une gouvernance autoritaire où l’Etat décide de tout et une dévotion sans retenue envers le leader suprême.

 

Il faudrait être bien naïf pour croire que la motion de censure déposée par le Nouveau Front Populaire (NFP) et votée par Marine Le Pen et le Rassemblement National (RN),  n’est qu’une simple opposition au projet de budget proposé par le gouvernement de Michel Barnier. Là encore le calcul cynique est simple : créer une incurie qui pourrait forcer le Président Emmanuel Macron à démissionner rapidement. « Voilà qui comblerait les vœux de Marine Le Pen. Menacée d’une peine d’inéligibilité immédiate dans le procès des emplois fictifs de son parti, la cheffe du RN table désormais sur une présidentielle anticipée » écrit Sylvain Courage dans un éditorial du Nouvel Obs du 5 décembre 2024. Marine Le Pen accuse directement les juges de la République de la condamner injustement et surtout d’intervenir dans le processus électoral prévu en 2027. Il faudrait lui rappeler ses propres déclarations, lorsqu’en janvier 2004, Alain Juppé a été condamné à dix ans d’inéligibilité (ramené à un an en appel) pour précisément les mêmes motifs : le financement d’emplois fictifs à la Mairie de Paris au profit de l’UMP le parti de Jacques Chirac.

 

Les deux blocs évoqués s’inscrivent dans une même tactique : être prêts pour une élection présidentielle anticipée avant que le troisième bloc ne se structure autour d’une éventuelle candidature consensuelle au printemps 2025.

 

Il me semble cependant qu’en terme de stratégie à plus long terme, les combats des deux blocs évoqués ci-dessus ne sont pas de même nature.

 

Celui de Jean-Luc Mélenchon est résolument révolutionnaire et trotskyste afin d’aboutir à une nouvelle Constitution, et à l’avènement de la VIème République, qui s’appuie sur un électorat des grandes villes et de leurs banlieues avec l’apport et le soutien de minorités ethniques et religieuses défavorisées, au mépris de la classe ouvrière traditionnelle et des habitants des campagnes.

 

Celui de Marine Le Pen, résolument de droite, plus habile, basé sur des combats que ses adversaires politiques auraient dû mener, en conformité avec leurs valeurs. Elle exploite mieux que les autres tout ce que ses adversaires lui abandonnent et elle se nourrit silencieusement de leurs défaillances. C’est exactement la stratégie que Stephen Bannon, stratège politique de l’extrême droite, a conseillé à Donald Trump en 2016 et que ce dernier a mené à la perfection pour redevenir Président des Etats-Unis en 2025. « Il suffit d’écouter Bannon pendant quelques heures pour acquérir une certitude : il nous observe de près. Il ne rate rien. Les problèmes négligés, les débats refusés, les gens insultés ou négligés, les rejetés par le système. Il observe tout et en tire un programme politique » écrit Naomi Klein dans le Double. Cette stratégie consiste aussi à s’en tenir judicieusement aux sujets les plus rassembleurs : détester Macron, dénigrer les acteurs du CAC 40, accuser l’Europe de Bruxelles qui décide de tout au dépend de notre souveraineté, entretenir le rejet des étrangers et les accuser de tous les maux français, accuser le laxisme des juges, rejeter le wokisme grandissant, défendre la classe ouvrière blanche, défendre le départ à la retraite à 62 ans, adopter un langage démagogique qui plaît.  Elle esquive autant que possible les questions plus difficiles et susceptibles de lui aliéner certains de ses nouveaux amis : l’économie de marché, le remboursement de la dette, le manque de productivité des Français, l’antisémitisme. Elle ne les délaisse pas, mais elle passe rapidement à ses thèmes favoris. L’action emblématique préconisée par Steve Bannon et ce que Giulinao da Empoli décrit dans « Les Ingénieurs du chaos », Marine Le Pen l’applique à la lettre. Elle tend la main à toutes celles et tous ceux, en colère, qui ont été bannis par ses opposants et elle leur offre une tribune. Il est d’ailleurs tout à fait remarquable de noter que pour la première fois dans l’histoire politique moderne de nombreux citoyens français, anciens électeurs du Parti Communiste et même de Lutte Ouvrière sont devenus des électeurs du Rassemblement National.

 

Marine Le Pen, dont les conseillers sont arrivés à muer ses défauts en qualités, accuse avec habileté et efficacité les dirigeants passés (UNPS) ou actuels (En Marche, Renaissance, Les Républicains) d’avoir dévoyé les valeurs initiales de la France :

 

– l’école républicaine où l’objectif d’égalité a été remplacé par la diffusion des savoirs,

– la laïcité remplacée par une complaisance envers le communautarisme et même l’islamisme politique,

– la sécurité et la banalisation de la violence en préconisant l’excuse,

– la reconnaissance de l’apport du christianisme dans la culture française,

– le patriotisme et la fierté de son histoire passée.

 

Elle dénonce avec force mais ne propose rien de concret et de réaliste en attendant. Elle fait précisément ce que font les médias permanents : critiquer sans formuler des analyses précises et des solutions viables. Elle tombe elle aussi dans le mal français récurent qui consiste « à se disputer les richesses plutôt qu’à en créer. »

 

Tout ceci me laisse à penser que tous les arguments de ses opposants et plus particulièrement ceux de la gauche actuelle agissent comme « l’idiot utile » du Rassemblement National qui n’en demandait pas tant et qui l’exploite habilement.

 

 

Paris, 8 décembre 2024.

 

 

 

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