Jeux Olympiques de Paris 2024 : Une analyse certainement un peu biaisée.

 

 

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Author: Jean-Claude Muller, 穆卓Executive Editor at BtoBioInnovation  jcm9144@gmail.com

 

 

 

SPECIAL REPORT 24.08

 

 

Jeux Olympiques de Paris 2024 : Une analyse certainement un peu biaisée.

 

 

Il n’est guère aisé d’émettre un jugement avisé et équilibré sur un évènement planétaire complexe tel que les Jeux Olympiques de Paris 2024, impliquant, sur 19 jours de spectacle, 329 épreuves sportives sur une centaine de sites différents auxquels il faut rajouter les cérémonies d’ouverture et de clôture. Depuis dimanche 11 août plus ou moins tout a été dit ou écrit pour reconnaitre la réussite exceptionnelle des Jeux de Paris. C’est dans la presse internationale que j’ai trouvé les arguments les plus censés et les plus équilibrés.

« Deux semaines grandioses, une ambiance survoltée, un public avec une ferveur jamais vue sous le ciel de Paris ». Nos meilleurs ennemis, ces chers Anglais, qui écrivent dans le Guardian« Ces Jeux ont été les plus beaux et les plus sereins de tous. Ils ont été les Jeux les plus vivants et viscéraux, entièrement intégrés dans la ville, mis en scène autour de structures et de vues qui sont, en tant que tel, une sorte de coup de poing émotionnel» et encore dans The Telegraph dans : « Les Jeux olympiques étaient résolument parisiens : beauté transcendante et scandales à foison. Somptueux, séduisants et truffés de scandales, ces Jeux olympiques ont été, jusqu'à la fin, véritablement parisiens et sans complexe. » Nos voisins espagnols dans El Païs : «Adieu à Paris 2024, les Jeux de lumière après le silence froid et pandémique de Tokyo, réconciliation avec la passion du sport, la fête d'une ville aux pavillons et stades pleins, de Saint-Denis à Roland Garros , de La Défense au Bourget en passant par la place de la Concorde, les gens heureux et civilisés». Le journal suisse Le Temps qui titre : «Pendant quinze jours, Paris était une fête. Le pari était osé, le projet trop ambitieux, disait-on. Les critiques peuvent se taire. Les organisateurs ont réussi leur coup. Ces JO étaient magnifiques. Paris était magique. » La Republica italienne qui clame : « Adieu Paris, tout s'est passé sous ton ciel. Et aussi dans tes eaux. Tu as été une fête ambulante, épuisante, chaude, pleine de monde. Les jeux sont revenus en Europe après 12 ans, après une pandémie et des stades vides, plus de fuseaux horaires, des spectateurs y compris pour les épreuves du matin, très appréciées par les athlètes». Le New York Times : « Le célèbre cynisme français a laissé place à un optimisme inhabituel. » Die Zeit : «Même les qualifications les plus insignifiantes dans des sports étranges tôt le matin et dans des destinations lointaines affichaient presque complet », s’étonnait le journaliste allemand.

De l’avis de tous, ces Jeux de Paris ont été un formidable succès organisationnel, sportif, émotionnel et probablement économique.

Succès dont le mérite revient en tout premier au Comité d’organisation présidé par Tony Estanguet, triple champion olympique (2000, 2004 et 2012), animé par une équipe de permanents depuis 2015 et soutenu par 45 000 bénévoles venus d’une centaine de pays différents. Le défi d’avoir organisé des évènements vus en mondovision sur des sites historiques comme le Champs de Mars, le Grand Palais, la butte Montmartre ou les jardins du Château de Versailles a été osé, risqué mais formidablement réussi. Les épreuves de natation dans la Seine n’auront pas été du même niveau, aux dires des nageurs, mais le pari était si ancien qu’il devenait incontournable, bien qu’il n’ait finalement impliqué qu’une petite centaine de sportifs.

Le succès très justement attribué au Comité d’Organisation l’a aussi été grâce au soutien sans défaillance de la puissance publique qui a su mobiliser toutes les ressources nécessaires pour que tous les évènements se déroulent dans le calme, la sérénité et la sécurité attendus par les athlètes et les spectateurs.  A ce titre il est intéressant de noter que les dirigeants politiques directement impliqués : le Président de la République Emmanuel Macron, la Maire de Paris Anne Hidalgo et la Présidente de la Région Ile de France Valérie Pécresse ont su unir leurs actions et leurs moyens alors qu’en 2022 ils s’étaient directement affrontés lors de l’élection à la Présidence de la République. Imaginer que dans le contexte actuel ces mêmes acteurs et les forces politiques qu’elles portent, continuent à s’allier pour une cause supérieure à leur personne paraît néanmoins utopique.

Succès avec quelques belles innovations : la cérémonie d’ouverture sur la Seine, des courses cyclistes traversant les ruelles étroites de Montmartre, les trois coups donnés par un ancien sportif médaillé au départ des épreuves, le marathon pour tous sur le parcours officiel, le son de la cloche donné par le lauréat des épreuves d’athlétisme au Stade de France, etc…

Succès indéniable dû aux 10 500 (5250 hommes et 5250 femmes) athlètes qui ont concouru sportivement dans 329 épreuves pour donner le meilleur d’eux-mêmes, pour eux, pour leurs collègues, pour leurs adversaires, pour leur pays. Avec des performances remarquables et des records olympiques ou même du monde comme celui d’Armand Duplantis avec un saut de 6,25 m à la perche alors qu’il était déjà médaillé d’or de l’épreuve. La performance exceptionnelle des athlètes français avec un record de 64 médailles dont 16 en or, 26 en argent et 22 en bronze, avec bien évidemment les titres les plus prestigieux pour Antoine Dupont, Teddy Riner et Léon Marchand (7 médailles d’or à eux trois). Il est indiscutable que d’avoir « joué à domicile » a décuplé l’envie de performer des Français devant leur public. Depuis les Jeux de Pékin en 2008, les épreuves de judo, d’escrime et de natation sont celles qui ont été les plus prolifiques. Nouveau cette année aura été la performance des frères Lebrun en tennis de table et le triplé historique des cyclistes du BMX, Joris Daudet, Sylvain André et Romain Mahieu. Enfin et c’est la confirmation étonnante depuis les Jeux de Tokyo (2021) les épreuves de sports collectifs ont été des pourvoyeurs importants de médailles (2 en or et 5 en argent) : Rugby à 7, Volley Masculin, Football Masculin, Basketball Masculin et Féminin, Handball Féminin et la défaite due à une passe malencontreuse à 6 secondes de la fin du match contre l’Allemagne du Handball Masculin qui nous a apporté tellement de bonheur et de titres depuis les fameux « Barjots » de Barcelone en 1992. Il faut bien évidemment féliciter tous les athlètes, leurs coachs, leurs clubs et leurs fédérations qui se sont formidablement investis dans cette aventure humaine exceptionnelle.  Nous sommes la première nation européenne. On a pu gagner dans 27 disciplines ce qui montre la polyvalence du sport en France Je veux saluer les athlètes et les staffs qui sont derrière eux mais également les bénévoles et les clubs.» a dit Amélie Oudéa-Castéra, Ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques France. Qu’allons nous faire de cet héritage unique avant les JO de Los Angeles en 2028 : le dilapider ou le faire fructifier ?

A côté de cette magnifique réussite il faut aussi reconnaitre quelques grosses déceptions : aucune médaille en aviron, une seule médaille en athlétisme (48 épreuves), une seule médaille en cyclisme sur piste, aucun finaliste en tennis. Claude Onesta, responsable de la haute performance, tout en reconnaissant des résultats exceptionnels estime néanmoins que « 14 médailles d’or probables n’ont pas été converties » et il en analyse calmement les raisons. Encore une fois ces résultats remarquables ne doivent pas nous leurrer sur leurs interprétations : la France n’est toujours pas un pays de sport comme le sont par exemple l’Australie, les Etats-Unis, la Grande Bretagne ou même la Slovénie. Elle est un pays de grandes individualités sportives qui font partie du gotha mondial, mais ce n’est pas un pays de culture sportive qui reconnait qu’une carrière sportive doit se placer au même niveau qu’une carrière professionnelle.

L’évènement parisien sonnera malheureusement la fin de carrière de Rafael Nadal, là où précisément il a été titré à 14 reprises sur la terre ocre de Roland Garros et consacrera la suprématie de Novak Djokovic sur le tennis mondial.

Enfin et c’est une réalité depuis les Jeux de Pékin en 2008, les Etats-Unis (126 médailles) et la Chine (91 médailles) se partagent les première places des palmarès. C’est encore plus vrai lorsque les athlètes russes sont absents.  Il est tout à fait remarquable qu’une fois de plus l’Australie (26 millions d’habitants) récolte 53 médailles dont 18 en or et ce dans quasiment toutes les 47 disciplines olympiques.  La Chine se taille la part du lion en tennis de table (5 médailles d’or sur 5 épreuves) et en gymnastique (9 médailles) mais reste un nain en athlétisme (4 médailles). A l’opposé les Etats-Unis récoltent 34 médailles (dont 14 en or) dans les 48 épreuves de l’athlétisme. En dehors des courses sur 10 000 mètres et du marathon où les pays des hauts plateaux africains trustent quasiment toutes les médailles, il est rare de voir une épreuve du stade sans un médaillé américain. Le palmarès de l’athlétisme serait encore plus impressionnant si l’on y ajoutait tous les autres médaillés qui s’entrainent dans une université américaine. Bien que de plus en plus challengé par l’Australie (18 médailles dont 7 en or), la Chine (12 médailles dont 2 en or) et la France (7 médailles dont 4 en or), les Etats-Unis continuent à régner sur les 32 épreuves de la natation mondiale (28 médailles dont 8 en or).

Pour conclure, une analyse qui vaut d’être rapportée ici. Si le Team EU des 27 pays européens (447 millions d’habitants) était comparé au Team US des Etats-Unis (333 millions d’habitants) en termes de médailles récoltées à Paris durant la XXIIIème Olympiade des Jeux Modernes, le résultat suivant serait édifiant :

                                               Or         Argent        Bronze        Total

Union Européenne                  91           96              112              298

Etats-Unis                               40           44               42               126

 

La suite en 2028 …. Peut-être.

 

Jean-Claude Muller

La Baule, 13 août 2024

 

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