Le système des retraites en France
Author: Jean-Claude Muller, 穆卓Executive Editor at BtoBioInnovation jcm9144@gmail.com
SPECIAL REPORT 24.07
Le système des retraites en France
Ce message s’adresse à toutes celles et ceux qui savent que leur cerveau est un formidable ordinateur doté d’applicatifs et de logiciels remarquables et gratuits qui fonctionne parfaitement s’il est régulièrement et quotidiennement alimenté par une faible source énergétique de l’ordre de 350 calories (avec p.ex.100 g de gruyère, ou un pain au chocolat, ou 100 g de chouquettes, ou 100 g de frites, ou 2 tartines de Nutella). Aucun doute facile à trouver. Encore faut-il le solliciter et lui faire exécuter des travaux d’analyse. Mais là n’est pas mon propos du jour qui s’adresse à toutes celles et ceux qui veulent bien s’informer et comprendre un pilier de notre vivre ensemble : le fonctionnement des retraites.
Le système des retraites en France, repose sur un système simple et néanmoins original : celui de la répartition. En le simplifiant on peut dire que ce sont les actifs et leurs employeurs qui alimentent le fonds qui rémunère les pensions des retraités. C’est un concept des années trente mis en place en France au début des années quarante qui, dans un premier temps, ne s’appliquait qu’aux salariés (public et privé) mais ni aux agriculteurs, ni aux artisans, ni aux commerçants. Il ne s’applique toujours pas aux professions libérales qui ont adopté un système de capitalisation.
Le système par capitalisation est simple à comprendre. Chaque individu cotise et thésaurise pour lui-même. Sa rente correspondra à la somme cotisée augmentée des intérêts ou diminuée des dépréciations selon la conjoncture économique. « On économise pour nos vieux jours » disait ma grand-mère. Le système par capitalisation est le système de loin le plus courant dans le monde occidental.
Le système par répartition est à l’équilibre et même excédentaire lorsque le ratio cotisants/retraités est environ de 2 pour 1 ce qui n’est plus le cas depuis le début des années 2000, il est de 1,6 pour 1 aujourd’hui et le Conseil d’orientation des retraites (COR) projette qu’il pourrait passer à 1,3 pour 1 d’ici 2030 et se stabiliser à ce niveau. Ce déséquilibre explique les diverses réformes du système de retraite au cours de quinze dernières années.
Mon propos ici n’est pas de formuler une énième réforme des retraites mais juste d’évoquer tous les facteurs qui influencent le système.
- La démographie et son évolution. Un nombre croissant de retraités (tous les baby-boomers ou presque sont aujourd’hui à la retraite) est constaté depuis une vingtaine d’années. Le vieillissement de la population, essentiellement dû à l’augmentation de l’espérance de vie des hommes et des femmes, a augmenté de 20 ans entre 1950 et 2020.
- La croissance économique et le plein emploi qui permettent de générer plus de cotisations.
- L’âge de départ à la retraite. Il permet à des actifs de cotiser plus longtemps et aux retraités de percevoir leur rente moins longtemps.
- Le niveau des pensions ou plus précisément le taux de remplacement. En France le taux de remplacement moyen est de 66%, ce qui signifie que les retraités français perçoivent en moyenne 66% de leur revenu d’activité lorsqu’ils prennent leur retraite. Dans l’ensemble de l’Europe il est de 54% avec des variations importantes, alors que l’ensemble des Européens travaillent plus longtemps que les Français. Au Royaume Uni le taux de remplacement brut est de 30%. Mais plus intéressant est l’analyse du niveau de vie des retraites français. En 2020, le niveau de vie médian des retraités était de 98% du niveau médian de l’ensemble de la population. Au Royaume Uni il est de 10% inférieur au niveau national. En Finlande il est supérieur à celui de l’ensemble de la population.
- Le taux d’activité et le chômage endémique. Lorsqu’une proportion importante de la population en âge de travailler est effectivement active (proche du plein emploi) le nombre des cotisants et les recettes augmentent.
- Le taux de prélèvement. Pour les salariés, il varie de 3,80% à 8,30% selon le revenu fiscal de référence. Pour les employeurs il est environ le double. Certaines catégories sociales bénéficient d’un système de retraite complémentaire (type AGIRC-ARCO) alimenté par l’employeur et qui est basé sur un système de retraite par capitalisation. Il est utile de rappeler à ce stade que l’Etat ne paye pas sa contribution patronale
L’impact économique de la situation actuelle.
En 2021, les dépense de retraites s’élevaient à 337,6 milliards d’euros soit 13,5% du produit intérieur brut (PIB), à 40,5% des prestations sociales versées par l’Etat et à 28% de la dépense de l’Etat. Au-delà de 24% de la dépense pour les retraites, l’Etat compense son déficit par de l’emprunt soit environ 13,5 milliards par an. Selon les économistes, un retour à la retraite à 62 ans avec 40 annuités se solderait par trois points supplémentaires de déficit qui engendrerait un emprunt de 24 milliards dès la première année. Il est rigoureusement impossible de calculer les conséquences d’une retraite à 60 ans, puisque la très grande majorité des salariés ne bénéficierait pas d’une retraite pleine (moins de 40 ans de cotisations).
Les retraites expliquent 41 % de l'augmentation des dépenses publiques depuis la fin du baby-boom. Chaque année, l'Etat a besoin de 60 milliards d'euros pour payer les retraites des anciens fonctionnaires et de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour financer des mesures et des avantages sociaux accordés à certaines catégories de salariés. Il est bon de rappeler que pendant plus de vingt ans, la Cour des Comptes et ensuite le COR a omis de signaler le déficit généré par les retraites du public, à savoir 2% du PIB chaque année
Le ratio actif/retraité de 1,6 qui tend vers 1,3 est l’explication majeure du déséquilibre actuel du système de répartition français et ce déséquilibre a été identifié dès la mise en place de la loi du 14 mars 1941 qui précisait : « Lorsque le nombre de retraités croît avec l’élévation de l’âge moyen de la population, le service massif des pensions impose un fardeau insupportable aux éléments productifs ».
La puissance publique devra tôt ou tard y remédier en articulant l’un ou plusieurs des leviers inhérents à tout système de retraite.
- Augmenter la durée de prélèvement et reculer l’âge de la retraite
- Augmenter les cotisations salariales et patronales
- Augmenter le taux d’activité et diminuer le chômage
- Diminuer le niveau des pensions
- Provisionner les retraites des fonctionnaires comme celle des autres salariés
- Financer la dette spécifique de la retraite par de l’impôt
- Introduire ou généraliser la capitalisation collective là où elle n’existe pas encore.
Les Français sont plutôt opposés à ce qu’une part significative de leur future retraite soit basée sur un système de capitalisation tout en ignorant que les salariés du privé bénéficient de l’excellente gestion de l’AGIRC-ARCO par les partenaires sociaux, que les fonctionnaires bénéficient d’un fonds de pension qui entre 2006 et 2022, rapportait en moyenne 3,7%, que les caisses de retraite ou fonds de pension des professions libérales (médecins, pharmaciens, avocats) ou de certaines activités de niche (pilotes d’Air France) sont largement bénéficiaires. La grande majorité des Français sont conscients que leur retraite future est loin d’être garantie mais ils n’envisagent pas d’introduire une part substantielle de capitalisation dans leur gestion patrimoniale. Et pourtant le niveau d‘épargne des Français s’élève à plus de 3 000 milliards d’euros (trois fois la dette cumulée en 2022) dont environ la moitié en assurance-vie défiscalisée qui n’est rien d’autre qu’une capitalisation entre les mains de banques et des assureurs. Il ne nous est pas possible à ce stade d’en identifier précisément ni leur allocation, ni la catégorie sociale de leurs détendeurs, ni leur âge, tout en étant conscient que la majorité des détendeurs des contrats d’assurance-vie sont des retraités qui n’envisagent pas d’en faire une rente mais plutôt une réserve capitalistique et éventuellement une donation à leurs héritiers.
Les Français sont très attachés et à la fois très inquiets de l’avenir de leur système de retraite ce qui explique en partie leur opposition à l’occasion de chaque réforme du système. Ils sont très nombreux à se plaindre de l’érosion de leur pouvoir d’achat tout en omettant de reconnaitre que la structure et le ratio de leurs dépenses a changé depuis deux ou trois décennies et que de nouvelles dépenses sont devenues structurelles : plusieurs véhicules motorisés par foyer (un vélo électrique coûte trois fois le prix d’un vélo traditionnel), un téléphone portable par personne au lieu d’un fixe par foyer, des abonnements internet multiples, des services à la personne, etc..). Vu de l’étranger les Français ont des comportements schizophrènes : ils veulent tout à la fois gagner plus et travailler moins, profiter d’une retraite à taux plein à 60 ans, bénéficier d’un maximum de gratuités (école, santé, transports en commun), exiger plus de services publics de proximité, avoir accès à plus de loisirs,… et surtout payer moins d’impôts. Lorsqu’ils achètent un T-shirt à 1 euro ils ne veulent pas imaginer que cela entraine la délocalisation des usines textiles françaises, ils se félicitent de voyager en avion à travers l’Europe pour 39 euros mais ne cherchent pas comprendre la pression salariale phénoménale exercées sur les salariés du secteur….
Les Français sont l’un des peuples les plus pessimistes du monde, ils se croient en enfer, alors qu’ils sont au paradis. Nos voisins allemands ont cette magnifique expression à notre égard : « Leben wie Gott in Frankreich ». Le dicton précis est encore plus savoureux : « Wer lebt wie Gott in Frankreich, führt ein sorgenfreies Leben im Überfluss qui se traduit par : « Celui qui vit comme Dieu en France mène une vie d'abondance sans soucis ».
Bonne période estivale
Boulogne le 19 juin 2024.
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