Transition Energétique: Autopsie d’un Malentendu Chronique

Jean-Claude Muller

Executive Editor     

www.btobioinnovation.com

 

 

 

Transition Energétique: Autopsie d’un Malentendu Chronique

 

 

 

Cette note s’appuie sur une série de lectures à messages contradictoires, de constats parfois alarmants et de réflexions personnelles sur la thématique

 

Le constat

 

On dénomme énergies renouvelables les énergies éoliennes, solaires, hydrauliques, géothermiques, marines et celles issues de la biomasse. Dans le cadre de ce rapport nous allons néanmoins mettre une emphase particulière sur les énergies éoliennes et solaires parce que c’est au travers d’elles que doit s’effectuer la plus grande part de la transition énergétique. De plus, et pour la France, nous n’avons pas trouvé de données récentes ni sur l’évolution des apports de la géothermie, ni sur celles de l’énergie dite marine. De plus l’augmentation de la production de biomasse, à l’heure et dans les conditions actuelles, ne peut réellement s’envisager qu’au détriment de la production agricole pour la consommation alimentaire humaine et de bétail. Enfin et de manière surprenante l’énergie hydroélectrique est à ce jour limitée à l’existant et pourrait même fortement diminuer, à terme en Europe, à cause d’une directive européenne stupide, qui exige qu’aucun cours d’eau ne soit entravé afin de préserver les déplacements de la faune aquatique et la dissémination de la flore locale (exit tous les barrages et moulins existants). Les énergies éoliennes et solaires sont intermittentes, et doivent obligatoirement être relayées par des énergies telles que les énergies hydroélectriques, fossiles ou nucléaires. Les énergies fossiles s’épuisent inéluctablement, l’exploitation des gaz de schistes est interdite en France, l’énergie nucléaire est décriée, l’augmentation des énergies hydroélectriques et géothermiques ne semblent pas pouvoir être réalisée, la génération d’énergie marine est un « serpent de mer » sans réalisation concrète depuis la mise en service du barrage sur la Rance en 1966. A ce stade nous avons volontairement exclu les sources d’énergie issues de la méthanisation de déchets agricoles et fermiers, qui constituent certes une énergie renouvelable, car ils sont constitués de produits carbonés tel que le méthane et beaucoup de gaz carboniques (CO et CO2) et leurs combustions émet des gaz à effet de serre.

 

La consommation en énergie des pays développés (hors Etats-Unis) se stabilise progressivement, par contre, celle des pays émergents croit très fortement et repose d’abord et essentiellement sur des énergies fossiles carbonées.

Le tassement de la consommation d’énergie des pays développés est la conséquence directe de la baisse de son activité économique depuis une dizaine d’années (point d’inflexion lors de la crise de 2008).

Il y a une corrélation forte entre la consommation d’énergie et l’augmentation de la richesse (PIB) d’un pays et, de manière beaucoup plus inattendue, entre la consommation d’énergie ET de l’espérance de vie dans un même pays.

 

Des études publiées et pertinentes indiquent qu’en France, à l’horizon 2030-2040, toutes les énergies renouvelables pourront représenter, au mieux de 25 à 30% de l’énergie consommée, très loin des 50% affichées par les ambitions politiques et ce à condition que la consommation du pays n’augmente pas significativement dans les deux décennies à venir.

Une étude Canadienne, qui a cartographié le monde entier afin d’identifier les zones les plus propices à des implantations d’éoliennes rentables, indique qu’en dehors de certaines zones de littoral et de zones du sud (vallée du Rhône, Roussillon, Lauragais), la France ne dispose pas de conditions de vents favorables à une production importante et continue d’électricité à partir d’énergie éolienne.

Des considérations géographiques simples montrent également que les rendements des cellules photovoltaïques actuelles ne permettront pas, sur les deux à trois décennies à venir, de produire des quantités d’électricité satisfaisantes au moment des pics de consommation (en cours de journée et surtout en fin de journée en hiver) pour se substituer même partiellement aux énergies d’origines fossiles ou nucléaires.

Enfin dans les deux cas, comme évoqué plus haut, les deux sources d’énergies renouvelables citées n’alimentent le réseau national que de manière intermittente et le stockage des excédents n’est possible que sur une très courte durée en conséquence une quantité non négligeable de cette énergie est simplement perdue.

 

A ce long constat il faut rajouter quatre considérations majeures :

 

 

  1. Si la substitution progressive des véhicules à propulsion thermique par des propulsions électriques est effective, (prévue d’être intégralement déployée en 2040 en France et avant dans d’autres pays développés), la production d’électricité devra très substantiellement augmenter.
  2. Si l’on veut rapatrier des d’usines de fabrication de produits industriels et surtout garder et développer sur le territoire national la production de produits élaborés dans des usines modernes et donc entièrement digitalisées (cf. Usines 4.0), la consommation en énergie par les industries devra de nouveau augmenter.
  3. La numérisation et la sécurisation de quasiment toutes les données disponibles (des dizaines de milliards d’objets connectés) et l’arrivée imminente de la technologie 5G vont nécessiter la mise à disposition de serveurs de plus en plus puissants tous très consommateurs d’énergie électrique stable dans le temps. La consommation électrique pour alimenter la blockchain de Bitcoin était de 59,73 Terawatts (milliards de kilowatts) en 2017, soit l’équivalent de la consommation annuelle du Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique avec 200 millions d’habitants.
  4. Si les énergies renouvelables sont créatrices d’emplois (cf. isolation de bâtiments, R&D, productions locales de produits nouveaux), elles sont également destructrices d’emplois (cf. fonderies de moteurs diesels dans le centre de la France, boites de vitesse à Blanquefort en Gironde). IG Metall a ainsi estimé que le déclin des moteurs thermiques détruirait à lui seul plus de 150.000 emplois en Allemagne, tandis que l’électrification des nouveaux véhicules n’en créerait que 40.000. A ma connaissance, en dehors du secteur automobile personne n’a publié des données sérieuses sur le bilan création/destruction d’emplois induit par la transition énergétique à l’horizon 2030-2040 en France.

 

Mon propos n’est pas de discréditer l’importance des énergies renouvelables, bien au contraire, je suis un fervent partisan du développement massif de toutes les énergies vertes et non polluantes (en prenant en compte toute la chaine de production et de recyclage des matériaux utilisés). Cette note est destinée à une réflexion approfondie et prospective, qui va montrer, pas démontrer, que les énergies renouvelables (éoliennes et solaires) seules ne pourront pas massivement remplacer les énergies existantes., car elles n’ont pas atteint le même niveau de performance que celles des énergies pétrolières, nucléaires et hydroélectriques. Autrement dit, il faut relativiser l’apport de ces énergies, du moins à court terme, en France.  Mais surtout, il faut accepter que les solutions à proposer ne peuvent pas se cantonner à un seul territoire, à un pays ou même à un continent, car la problématique du climat est mondiale, que la pollution générée par les uns affecte les autres à des milliers de kilomètres, mais que néanmoins chaque pays doit apporter la contribution la mieux adaptée à son environnement propre.

 

 

 

 

Alors pourquoi est-ce aussi difficile ?

 

Les raisons sont multiples et de nature très différente. Nous allons exemplifier celles qui sont le mieux connues ou du moins les mieux appréhendées car elles relèvent à la fois de décisions politiques, de choix économiques, de méconnaissances scientifiques, de préjugés irrationnels et souvent de comportements émotionnels.

 

  1. Parce que notre type de société dite occidentale de consommation massive, de déplacement en véhicule individuel pour se rendre sur son lieu de travail et de transport de masse vers des lieux de vacances ou de villégiature est très énergivore. De plus, de nombreux pays en développement aspirent à ce modèle basé sur une croissante forte.

 

  1. Parce qu’un modèle économique préconisé en France, par Serge Tchuruk, alors manager de l’année et PDG d’Alcatel-Alsthom, qui déclarait le 26 juin 2001 : « Nous souhaitons être très bientôt une entreprise sans usine », va être soutenu par les autorités politiques et économiques. Tchuruk va devenir le chantre français du « fabless », une stratégie consistant à se concentrer sur la conception et la propriété intellectuelle de produits, en externalisant leur fabrication à des sous-traitants mal rémunérés et souvent délocalisés dans des pays à bas coûts de main d’œuvre. Ce modèle retenu par la France, préconisait une focalisation sur des activités tertiaires (commerce, tourisme, services, conseils, etc…) moins pénibles que la production industrielle dont on déplaçait la source de consommation d’énergie.  Moyennant quoi, à ce jour en 2019, la fiscalisation sur une usine rentable est trois fois plus importante que celle sur un entrepôt et on s’étonne qu’il ni ait plus d’usines en France. En parallèle on a favorisé les filières d’écoles de commerce plutôt que celles des écoles d’ingénieurs ou des formations de haute technicité, pour se retrouver avec pléthore de « commerciaux » alors que le pays fabrique de moins en moins de produits « Made in France ». Ce modèle a séduit beaucoup d’intellectuels et de stratèges et a été suivi, par de très nombreux industriels français entre 2000 à 2015. Par contre il n’a jamais été retenu par les politiques et économistes allemands, italiens ou hollandais qui ont gardé une production industrielle importante sur leurs territoires, ce qui explique en grande partie l’excédent de la balance commerciale actuelle de ces pays.

 

  1. Parce que depuis un demi-siècle, il existe une corrélation forte entre d’une part, le niveau de vie/pouvoir d’achat, l’espérance de vie, et d’autre part, la consommation d’énergie dans les économies les plus florissantes (Etats-Unis, Europe, Japon, Canada, Corée du Sud Singapour). Des pays émergents d’importance (Inde, Chine, Turquie, Mexique, Brésil, Russie, Indonésie, Vietnam, Afrique du Sud,…) veulent bénéficier de cette avancée sociologique et vont considérablement augmenter leur consommation énergétique. A ce jour, 80% de l’énergie consommée mondialement est d’origine fossile et la grande majorité de ces pays ne peuvent atteindre leur objectif de croissance qu’en exploitant massivement les énergies issues du charbon et du pétrole. Même si la Chine est le plus gros producteur de cellules photovoltaïques et un utilisateur d’énergie solaire, il est aussi le pays qui produit la plus grande quantité d’énergie à partir de charbon, d’où des pollutions gigantesques totalement inacceptables dans d’autres pays. Quelques études récentes tentent à montrer que le dogme utilisation d’énergie/qualité de vie est en train de se rompre. En France, en 2018, pour la première fois depuis 70 ans, l’espérance de vie n’a pas augmenté et aurait éventuellement même légèrement régressé dans la population féminine. Une plus grande émission de matières polluantes entraîne inexorablement plus de maladies associées, une diminution de qualité et d’espérance de vie.

 

  1. Parce qu’il est probable que la croissance à long terme des pays développés restera faible, proche de zéro – certains économistes évoquent le terme de « stagnation séculaire » – et qu’elle entrainera des politiques fondamentalement différentes de celles mises en œuvre aujourd’hui. A la fin des années 1960, je me souviens de conclusions et de recommandations du Club de Rome qui avait envisagé un modèle économique occidental en mode croissance zéro.

 

  1. Parce qu’il est probable que le coût de toutes les énergies, vertes et renouvelables comprises, augmenteront plus vite que le pouvoir d’achat des individus qui la consommeront.

 

  1. Parce que la disparition progressive des moteurs thermiques va certes fortement baisser les émissions de CO2 mais elle va également amputer tous les Etats d’une manne financière considérable difficilement substituable. En France les revenus de la TICPE (taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques) seront de l’ordre de 15 milliards d’€ en 2019, soit 5% des recettes fiscales nettes de l’Etat et constituent une rente annuelle acquise sans effort. Il en va de même dans de nombreux autres pays où la « taxe pétrolière » est du même ordre de grandeur.

 

  1. Parce que jusqu’à l’horizon 2040, la population mondiale va croitre de 70 millions d’habitants (l’équivalent de la population française) chaque année pour atteindre les 9 milliards vers 2050. Ces deux milliards d’habitants supplémentaires (essentiellement en Asie et en Afrique) vont devenir de nouveaux consommateurs d’une énergie qui va se rarifier ou au minimum devenir plus difficilement accessible à bas prix. Une pénurie en pétrole bon marché ou une augmentation du prix du baril va d’abord affecter les pays les plus pauvres.

 

  1. Parce que selon un rapport de l’ONU, dès 2030, 75% de la population mondiale sera localisée dans des zones urbaines, qui produisent peu d’énergie mais en consomment beaucoup. En conséquence de quoi il faudra transporter de l’énergie vers ces zones, avec le risque quasi certain d’une assez forte déperdition dans son apport quand il s’agit d’énergie électrique

 

 

Quelles sont des solutions possibles ?

 

Il n’existe pas de solution miracle et universelle. Cela se saurait comme disait ma grand-mère. Néanmoins les options ouvertes sont nombreuses, certaines sont simples et faciles, la majorité d’entre elles sont plus complexes et exigeront à la fois des changements de comportement individuels et collectifs, et des choix politiques déterminants, contraignants et inscrits dans la durée.  

 

La plus simple et la plus universelle consiste à économiser une partie de la consommation habituelle. L’énergie la plus écologique est celle qui n’est pas consommée au travers d’une action volontariste et engagée dans la durée. Chaque individu, chaque compagnie, chaque territoire, chaque pays, peut faire cet effort peu contraignant et arriver à économiser de quelques % à près de 10% de sa consommation énergétique actuelle.

 

Au niveau national ou au niveau mondial les axes suivants seront à considérer avec plus ou moins de force et de priorité.

 

  1. Par une diminution de la consommation d’énergie. En tout premier en préconisant l’isolation thermique de toutes les constructions anciennes : bâtiments, maisons, usines, entrepôts. Isolation des façades, des toitures et/ou des combles. Une expérience personnelle qui a consisté à isoler la façade nord de notre habitation nous a permis de réduire notre consommation en chauffage domestique de 15% par an sur les trois années suivantes. Ce genre d’isolation est simple à réaliser (isolation extérieure de façades), peu coûteux, utilise des matériaux recyclés et recyclables et créé des emplois locaux issus de formations rapides et de réinsertions d’emplois détruits par ailleurs.

 

  1. Par la diminution substantielle de la consommation de protéines animales générées par des productions intensives très énergivores.

 

  1. Par la diminution continue et durable des émissions de gaz à effets de serre et d’abord des émissions de CO2. C’est bien évidemment par la réduction de la circulation des véhicules thermiques (individuels et collectifs) actuels, mais surtout et avant tout par le remplacement progressif des vieilles usines génératrices d’énergie à base de charbon et de pétrole par des usines modernes (turbines à gaz) dont les émissions en CO2 sont réduites de plus de 50% par rapport à l’existant.

 

  1. Par des efforts importants dans la recherche sur la récupération d’énergie thermique naturelle (pompes à chaleur, géothermie) ou celles créées par l’ingénierie humaine (moteurs hybrides, sur-compresseurs ou « french tea pot », fumées de cheminées individuelles ou industrielles, frottement de roues au sol, data center informatique, ….).

 

  1. Par la recherche de solutions adaptées aux conditions locales au lieu d’imposer LES solutions nationales et prétendument universelles.  On devrait aider et subventionner une initiative locale (littoral, bord de rivière, montagne, coteau exposé aux vents, zone ensoleillée, ferme d’importance, végétalisation de l’équivalent de l’emprise au sol des bâtiments urbains d’une hauteur dépassant les 25 mètres, etc…). Si elle s’avère efficace et rentable on rémunère les pionniers de la solution, puis on déploie localement et on défiscalise partiellement leurs utilisateurs.

 

  1. Par la création de transports en commun mieux adaptés dans les zones urbaines comme dans les zones rurales. Dans les zones urbaines en créant des réseaux périphériques et concentriques rapides qui soient aussi rapides et efficaces que ceux qui vont de la banlieue vers le centre des zones urbaines. En rendant les zones d’activité facilement accessibles en transport en commun et pas uniquement en transport routier individuel. Dans les zones rurales en créant des réseaux de transport en commun locaux, indépendants, généralement pas ferroviaires et qui prennent en compte les besoins individuels de la vie de tous les jours (mix covoiturage-bus de ramassage, accès facile à un véhicule partagé,…).

 

  1. Par un changement de paradigme, où le véhicule individuel n’est plus la propriété de l’utilisateur, mais devient un « objet partagé » par une communauté d’utilisateurs selon une charte consentie et acceptée. Un véhicule routier est conçu pour rouler, pas pour stationner le plus clair du temps. Plusieurs start-ups sont en train de reprendre le modèle économique actuel et proposer le partage d’un véhicule sur la journée, la semaine, le mois au travers d’une application numérique sur smart phone. Le concept a été testé dans plusieurs villes et s’avère rentable dans les zones urbaines, il doit trouver son propre modèle économique en zone rurale.

 

  1. Par le déploiement de bio productions générées par des organismes végétaux génétiquement modifiés (OVGM) afin d’en augmenter le rendement, et dans certaines régions ou pays produire une quantité accrue de biomasse au lieu de la détruire. C’est aujourd’hui facilement réalisable grâce aux techniques issues de la biologie de synthèse et des technologies de « ciseaux moléculaires » du type CRISP-Cas9. C’est évidemment un sujet hyper sensible car qui dit OGM pense produit non-naturel ce qui est éminemment faux. Il n’existe probablement aucun organisme vivant sur terre qui n’ait pas été génétiquement modifié par les stress hydriques et oxydatifs, les conditions climatologiques ou les rayonnements cosmiques, les virus, les bactéries, auquel il a été soumis depuis son émergence sur notre planète (le blé et le riz étant parmi les organismes connus ceux qui possèdent le patrimoine génétique le plus riche, parce qu’ils ont subi des modifications génétiques intenses et profondes durant des millénaires). Lorsqu’un paysan bouture ses arbres fruitiers pour augmenter la qualité des fruits ou la résistance au gel, il modifie le patrimoine génétique de ses arbres et crée un organisme végétal génétiquement modifié (OVGM). Les tomates importées d’Amérique du Sud à partir du XVIème siècle et cultivées et hybridées sur tous les continents du monde ont un génome fortement modifié par rapport à celui de son espèce originelle. Et que dire de toutes les espèces de tulipes hybridées. La connaissance scientifique actuelle permet de comprendre l’évolution génétique de chaque plante et de modifier très sélectivement LES gènes voulus à un endroit spécifique de son ADN afin de lui faire produire mieux ou plus un certain type de produit. Le paradigme proposé ici est de dire que la nature dans son extraordinaire inventivité et diversité n’a néanmoins pas optimisé toutes les plantes végétales et que l’ingénierie humaine saurait y contribuer. 

Je vais développer le propos par l’exemple de la photosynthèse des plantes, ce processus biologique par lequel les plantes, grâce à l’énergie fournie par la lumière solaire et à l’eau puisée dans le sol captent le CO2 présent dans l’atmosphère pour les transformer d’abord par une chimie du carbone et de l’oxygène (O2) en glucides (ou sucres) puis en d’autres molécules structurantes (lipides, nucléotides, protéines, hormones, etc…) et en rejetant de l’oxygène excédentaire dans l’atmosphère. Les scientifiques du monde entier ont étudié ce processus apparemment simple et savent à présent comment fonctionne chaque étape de cette ingénierie remarquable au point de savoir….. l’améliorer. Contrairement à une idée universellement répandue cette photosynthèse ne fonctionne pas de manière optimale dans la grande majorité des plantes, celles dites en « C-3 », (tous les arbres, le riz, le blé, l’orge, l’avoine, l’orge, la pomme de terre, les salades, les tomates, le tabac, la grande majorité des graminées et hautes herbes) alors qu’elle est au contraire optimale dans les plantes dites en « C-4 » (le maïs, la canne à sucre, le sorgho, le potiron, certaines algues marines,…). Contrairement au monde animal, le monde végétal n’a pas besoin d’oxygène pour vivre. L’oxygène est un sous-produit de son fonctionnement et un excès d’’oxygène amoindrit l’efficacité de la photosynthèse. C’est particulièrement vrai des plantes en « C-3 », c’est beaucoup moins vrai pour les plantes en « C-4 ». Les scientifiques ont identifié dans les chloroplastes (l’endroit où se produit la photosynthèse) la Rubsico, une enzyme, qui consomme le CO2 pour en faire des produits carbonés, mais qui en présence d’excès d’oxygène brûle les produits carbonés qu’elle vient de fabriquer. C’est le phénomène de « photorespiration » qui contrebalance la « photosynthèse » et en amoindrit l’efficacité. Les plantes en « C-4 » ont trouvé une parade et ne sont pas affectées par une concentration importante d’oxygène (de l’ordre de 20%) dans l’atmosphère, celles en » C-3 » le sont. Une étude publiée en début d’année montre qu’une modification génétique dans le tabac, (existante à la fois dans une algue marine et dans le potiron) augmente son rendement de 40% (par une absorption accrue de CO2) et par une émission accrue d’oxygène. On gagne sur trois tableaux : rendement augmenté, absorption de CO2 augmentée, émission d’oxygène augmentée. La réplication de ces résultats est en cours sur le blé, la pomme de terre et le riz et probablement sur des espèces d’arbres qui auraient une croissance accélérée ou une taille plus importante (ce qui serait très utile en milieu urbain). Toutes ces nouvelles espèces à venir seront considérées comme des organismes végétaux génétiquement modifiés (OVGM) soumis à des réglementations nationales ou internationales strictes mais elles ne sont pas prêtes de voir une éclosion forte et rapide alors qu’elles sont susceptibles d’apporter des réponses utiles à la diminution de CO2 dans l’atmosphère et à un apport nutritionnel accru dans certaines régions. Il ne s’agit pas de jouer à l’apprenti sorcier mais de réaliser en quelques semaines ou en quelques mois ce qu’une espèce donnée met plusieurs siècles ou même des millénaires à mettre en place sous des conditions de stress externe.

 

  1. Par l’acceptation des consommateurs de la nécessité absolue d’un mix énergie renouvelable/énergie nucléaire/piles à hydrogène (H2) pour les trois à quatre décennies à venir.  Comme évoqué plus haut, de nombreuses énergies renouvelables maitrisées à ce jour ne fonctionnent que de manière intermittente et donc pas de manière optimisée par rapport à la consommation. Une étude montre, qu’en 2015 et en 2016, l’énergie éolienne non consommée produite en Allemagne et au Royaume Uni, était de 5 térawattheure (5 milliards de kilowattheure), soit la consommation électrique journalière de l’Inde. Il en va probablement de même pour les énergies solaires produites non consommées ou mal dispersées sur les réseaux électriques. Une des réponses proposées consiste dans la construction de piles et de batteries qui accumulent de l’électricité et qui la restituent à la demande. C’est une piste sérieuse et déjà expérimentée. On est néanmoins très loin de savoir accumuler de très grandes quantités d’électricité sous cette forme et la construction de telles batteries ou piles nécessite l’utilisation de métaux lourds souvent très polluants et dont le recyclage est actuellement très difficilement assuré. Une deuxième réponse peu développée est l’utilisation de « surplus » d’énergies renouvelables pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. C’est un procédé connu depuis des décennies qui « décompose » l’eau (H20) en hydrogène (H2) et en oxygène (02) qui est certes fortement énergivore mais qui a de nombreux avantages. L’hydrogène est un gaz liquéfiable, facilement stockable et transportable dans des citernes comparables à celles d’autres gaz. L’hydrogène peut être mixé avec des gaz fossiles dans des proportions allant de 5% à 95% et consumé dans des turbines à gaz existantes (il existe plus de 50 000 centrales de ce type à ce jour dans le monde) et ainsi diminuer les émissions de CO2 de plusieurs millions de tonnes par an. Les véhicules fonctionnant avec des moteurs à hydrogène circulent déjà un peu partout dans le monde.  La compagnie de taxis Ysecto (véhicules bleus), une alliance composée de Hype, Toyota et Air Liquide, fait déjà circuler quelques centaines de véhicules dans Paris dès à présent et a avec comme objectif d’équiper tous les taxis et VTC circulants dans Paris lors des Jeux Olympiques de 2024. Le moteur à hydrogène est non polluant puisque la combustion d’hydrogène avec de l’oxygène produit de l’eau et referme le cycle.

Production:    2 H2O >  2 H2 + O2

Combustion:   2 H2 + O2 > 2 H2O

La production d’hydrogène par électrolyse de l’eau (elle nécessite un électrolyte tel que le chlorure de sodium ou sel de mer) et sa combustion dans des turbines ou des moteurs est bien moins polluante, probablement plus rentable et éventuellement moins dangereuse que les technologies basées sur des accumulations d’électricité dans des piles et des batteries.

 

  1. Enfin et ce sera certainement la partie la plus controversée de cette note, il faut maintenir l’énergie d’origine nucléaire à un niveau conséquent. Il faut d’une part démanteler les vieilles centrales existantes dans des conditions de sécurité adaptées et maitrisées par des professionnels de la filière et d’autre part développer à grande échelle l’énergie nucléaire de troisième génération (EPR) et même réouvrir les études sur celles de quatrième génération (surgénérateurs type Phénix et Super Phénix) abandonnées dans les années 2000. Dans un pays comme la France, l’énergie nucléaire est la seule capable d’assurer dans les trente ans à venir de manière pérenne et continue 50% de la consommation d’énergie électrique nécessaire au pays. Toutes les alternatives connues et déployées ne pourront jamais assurer mieux que la moitié de l’électricité nécessaire au fonctionnement et au développement du pays d’ici là.  Toutes les études sérieuses et non partisanes montrent que la France ne peut pas assurer sa croissance sans un apport massif d’énergie nucléaire. Tous les écologistes engagés affirment le contraire et laissent croire qu’une transition énergétique sans nucléaire peut être réalisée, en France, en maintenant le niveau économique actuel du pays sur les deux ou trois décennies à venir. On compare souvent la France à l’Allemagne qui elle a décidé de sortir de l’énergie nucléaire suite à une pression politique très forte sur la Chancelière Angela Merkel lors de l’accident nucléaire de Fukushima suite à un Tsunami et non pas à un incident du type Tchernobyl. L’Allemagne a été particulièrement hypocrite à ce sujet, puisqu’elle a rouvert plusieurs de ses centrales au charbon, très polluantes en CO2 et achète à la France de l’énergie nucléaire produite à Fessenheim. L’Allemagne dispose d’un parc éolien (surtout en mer du Nord) efficace et rentable qui lui permet d’alimenter une grande partie du Nord du pays. La France ne dispose pas d’une configuration géographique comparable et nos éoliennes « offshore » dans l’océan Atlantique ne pourront jamais se comparer à celles des mers du Nord de l’Europe. Un grand nombre de citoyens français sont très craintifs devant les risques d’un accident nucléaire certes possible, mais moins probable qu’un accident dans l’industrie chimique dans des pays émergents (cf. accident, en 1984, de l’usine Cyanamid à Bophal en Inde qui fait 20 000 morts). D’autres nations font des choix différents, étant conscients, que leur développement économique ne sera possible que par le déploiement d’une industrie nucléaire à grande échelle. C’est le cas de la Chine qui a commandé ou construit 50 nouvelles centrales nucléaires dont l’EPR de Taishan, construit par EDF et qui est en fonctionnement depuis 2018, quatre nouveaux réacteurs Hualong de conception chinoise et quatre réacteurs VVER-1200 de conception russe.  Les Chinois ont décidé d’être aussi autonomes que possible dans leur production énergétique, n’étant pas producteur de matières fossiles, ils ont misé sur un mix d’énergies renouvelables (essentiellement solaires et hydroélectriques) et d’énergie d’origine nucléaire. Leur choix repose sur l’analyse des réserves de matières fissiles, l’uranium en particulier qui selon leur estimation est de l’ordre de cent ans. Ces réserves sont essentiellement localisées en Afrique et en Asie, deux des zones d’influence majeure passée et à venir de la Chine. Les Russes qui ont été les premiers, avec les Français et les Américains, à maîtriser la construction et l’exploitation de centrales nucléaires sont repartis sur des projets de type surgénérateurs qui certes marchaient mal il y a deux décennies, mais qui sont devenus efficientes et même rentables. Une coopération entre Russes et Chinois a été annoncée en 2016 par les Présidents Vladimir Poutine et Xi Jinping. Pour rappel, les Japonais refont fonctionner depuis peu normalement toutes leurs centrales nucléaires, à l’exception de celle de Fukushima, arrêtée depuis six ans suite à son inondation par un tsunami.

 

Pourquoi les dirigeants politiques sont ils en si grande difficulté sur le sujet global de l’énergie ?

 

  1. Parce que c’est un sujet global pour lequel il n’existe pas de réponse globale mais que des réponses et des initiatives locales. Les COP21, 22, 23 et 24 ont clairement montré que s’il existe bien une prise de conscience du réchauffement climatique partiellement accéléré par l’activité humaine, il n’en n’était pas du tout de même sur les réponses retenues. Les Etats Unis, sous la Présidence de Bill Clinton et d’Al Gore, n’ont jamais ratifié les accords du Protocole de Kyoto de 1997, et le Président Donald Trump a annulé l’engagement de son pays pris lors des accords de Paris en décembre 2015.

 

  1. Parce que l’augmentation des prix du pétrole et de l’électricité va d’abord affecter les pays les plus pauvres et ralentir leur développement ce qui n’est pas la préoccupation des pays développés qui régissent l’économie mondiale.

 

  1. Parce qu’ils ont une certaine conscience des conséquences des pollutions existantes : pétrolières, parcs automobiles, accidents nucléaires, mais qu’ils sont rassurés par la maîtrise des technologies actuelles

 

  1. Parce qu’ils se donnent bonne conscience en clamant que le déploiement rapide d’énergies renouvelables va solutionner les problèmes et calmer les manifestants les plus radicaux y compris la génération des plus jeunes.

 

  1. Parce que s’ils connaissent bien les enjeux de la politique, de la diplomatie, de l’inflation, des cours de change, des monnaies, des conflits économiques ou militaires internationaux ils n’ont pas le même niveau de connaissance, d’expérience et de maitrise des réalités énergétiques.

 

  1. Parce que toutes les études prospectives à très long terme sont rarement précises ou même exactes et que leur interprétation est immédiatement soit polémique, soit partisane et toujours doctrinaire.

 

  1. Parce qu’enfin les économistes les plus sérieux, avec l’input de savants, de scientifiques et d’ingénieurs, montrent que le manque d’énergie à un coût raisonnable sera directement lié à une décroissance majeure des pays développés, à une diminution du pouvoir d’achat, à une augmentation de la pauvreté et à un déclin inéluctable. L’exemple actuel du Venezuela est à ce titre tout à fait édifiant. Un manque de solution acceptable par la majorité des citoyens de la planète déclenchera alors une révolte bien plus importante que celle des gilets jaunes d’aujourd’hui et verra l’exacerbation des oppositions « de la fin du monde et des fins de mois ».

 

Nous sommes nombreux à être conscients qu’il n’existe pas de Planète Terre 2.0 , que notre objectif commun le plus important est de préserver cet environnement précieux et que nous le ferons d’autant mieux et plus rapidement que nous saurons apporter des solutions viables et pérennes à notre consommation énergétique. Ne comptons pas trop sur nos dirigeants politiques qui fonctionnent selon des échéances électorales à court terme, mais faisons confiance à une partie de la très jeune génération qui se mobilise partout dans le monde et qui propose des initiatives que leurs ainés n’ont ni envisagées, ni eu le courage de mettre en œuvre.

 

 

 

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